Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nos corsaires crétois subissent la même défaite :

Dès la pointe de l’aube, accourus à la voix, piétons et gens de char emplissent la campagne de bronze scintillant ; Zeus, le joueur de foudre, nous jette la panique, et pas un de mes gens n’a le cœur de tenir en regardant en face : nous étions, il est vrai, dans un cercle de mort. J’en vois périr beaucoup sous la pointe du bronze ; pour le travail forcé, on emmène le reste.

La foule aurait voulu qu’on les massacrât tous. Mais le roi sauve le capitaine qui s’est jeté à ses genoux. Il le prend sur son char. Il lui donne la vie et même la liberté…

Dans les annales officielles de l’Égypte, on voit les choses se passer ainsi après chaque grande défaite des Peuples de la Mer : Pharaon épargne les survivants, les enrôle et les distribue sur ses chantiers de construction ou dans ses postes militaires. Ils deviennent les meilleurs ouvriers et les meilleurs soldats du roi : les empereurs de Byzance s’entoureront pareillement de leur garde varègue où les Nordiques viendront s’enrôler. Domiciliés ou casernés à Thèbes et dans les provinces, ces mercenaires épousent des Égyptiennes, se mêlent à la population, deviennent d’honnêtes gens et même de grands personnages, parviennent aux honneurs et à la richesse. Sous la