Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/85

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toujours à ses côtés ses magiciens en titre, dont lui-même et ses fils et ses filles devenaient les élèves.

Les contes de la fantaisie la plus extravagante que nous a laissés cette Égypte, — ajoute G. Maspero, — ne différaient de la réalité que pour accumuler en une douzaine de pages plus de miracles que l’on n’était accoutumé à en voir pendant des années. C’est la multiplicité des prodiges qui donnait à la narration son coloris d’invraisemblance romanesque, et non pas les prodiges eux-mêmes. Seule, la qualité des personnages sortait de l’ordinaire. C’étaient des fils de roi, des princes syriens, des Pharaons, quelquefois un Pharaon vague et sans individualité, le plus souvent un Pharaon des plus illustres, Khéops, Sésostris, Aménothès, etc.

La présence de Pharaon en ces histoires imposait un certain style, tout au moins certaines formules protocolaires. Pharaon étant dieu sur la terre, les mortels ne devaient parler de lui qu’à mots couverts, avec des périphrases devenues populaires. Il est le « Double Palais » : paroui-aoui ou paron, disaient les Égyptiens, — pharao, phéron, ont transcrit les Sémites et les Hellènes. Il est « Sa Majesté » ou « Sa Sainteté » le Soleil des Deux Terres, l’Horus maître du Pays. Il est encore « la Sublime-Porte », Prouiti, Prouti : c’est le nom que porte le sorcier divin, rencontré par Ménélas aux