Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/10

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Depuis Aristote et les homérisants d’Alexandrie (IIIe siècle avant notre ère) jusqu’aux derniers commentateurs de Byzance (XIIIe siècle après J.-C.), tous ont eu cette conception fondamentale des poèmes homériques ; même dans les écoles de la Rome païenne du Couchant, puis de la Rome chrétienne du Levant, où l’Iliade et l’Odyssée n’étaient plus que livres de classe et d’étude, on se souvenait qu’elles avaient été composées pour la récitation publique et l’on enseignait aux élèves la « lecture scénique » des deux poèmes, en même temps que la « lecture prosodique » et la « lecture ponctuée ».

Ce sont les grammairiens de Byzance qui nous ont transmis les préceptes de ce triple enseignement ; mais il remontait, disaient-ils, à la source de toute grammaire gréco-romaine, à ce Denys le Thrace, qui, vivant au premier siècle avant notre ère, avait été le disciple direct des Alexandrins, lesquels avaient réuni et codifié les traditions, règles et usages de la pédagogie athénienne.

« Traduire par les jeux du geste et de la voix les sentiments et les caractères de chacun des personnages, dans la vérité de la situation », semblait aux Anciens, dès l’Athènes d’Aristote et des Sophistes, le premier devoir du lecteur ; un Athénien lisait rarement pour lui seul : le mot « littérature », qui chez nous est synonyme d’« écriture », était remplacé chez les Hellènes par le mot « éloquence »,