Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/104

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pour la seule récitation théâtrale. Quelques rares manuscrits byzantins nous donnent, eux aussi, les preuves directes et indirectes que les copies helléniques, leurs sources lointaines, portaient les mêmes « interlocutions » : tantôt, — preuve directe, — ils ont en marge, de-ci de-là, un nom de personnage ; tantôt, — preuves indirectes, — ils commettent ou font commettre à nos éditeurs d’aujourd’hui de fâcheuses erreurs par une méprise de leurs signes marginaux.

Les « interlocutions » étaient parfois de simples barres, comme les tirets que nous mettons devant les paroles des divers personnages dans les dialogues de nos romans. Or, parmi les « signes critiques », dont les éditeurs alexandrins peuplaient les marges de leurs Homères, l’obel était la marque d’infamie par excellence, qui stigmatisait les vers « bâtards » : l’obel était la broche, dirigée contre la tête de ces intrus et menaçant de les transpercer. Or il est arrivé assez souvent que copistes byzantins ou éditeurs modernes ont confondu la barre d’« interlocution » et la broche d’infamie, lesquelles, de même forme, étaient seulement de longueur différente : nos éditeurs les plus scientifiques d’aujourd’hui croient suivre les conseils des Alexandrins en proclamant donc la bâtardise et en proposant la condamnation et