Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/132

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Séguier[1] au xixe, qui ont trouvé parfois, — rarement, il est vrai, — la traduction la plus exacte et l’on peut mesurer la secrète, mais puissante liaison, qu’une oreille française établit de prime abord entre l’hexamètre et l’alexandrin, en constatant parfois les méfaits de cet appel des Sirènes et les écueils où il entraîne les plus avertis, les plus sages de nos homérisants.

Ce ne sont pourtant ni ces considérations théoriques ni des idées préconçues qui m’ont amené à chercher dans une « diction alexandrine » un équivalent de la « diction dactylique » du Poète : c’est une expérience assez longue et des tâtonnements pénibles.

J’avais d’abord essayé d’autres voies pour rendre l’allure et la démarche de ces récits et de ces discours : de 1900 à 1912, j’avais rédigé, fait imprimer, puis corrigé sur trois épreuves successives une traduction complète d’où le souci du rhythme était presque banni, puis j’avais tâché, sur deux autres épreuves encore, d’introduire dans la prose heurtée de cette

  1. L’Odyssée d’Homère Mélésigène, traduite vers pour vers par le comte Ulysse de Séguier (Firmin-Didot 1896), dont voici le début Au lecteur débonnaire :

    Lecteur, prénom oblige ; or, m’appelant Ulysse,
    J’ai traduit l’Odyssée encore vers par vers.
    Mais pour m’y préparer avec peine et délice,
    Pendant trente-sept ans j’arpentai l’univers…