Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/133

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première traduction quelque fluidité régulière, rapide et sonore, qui en permît la lecture à haute voix ; je mettais quelques espoirs dans un essai de prose cadencée…

La longue et intime fréquentation des modèles me découragea de l’entreprise : ni dans les Aventures de Télémaque, ni dans Salammbô, ne se retrouvent les caractères de la diction épique ; mieux encore, la traduction de l’Odyssée, commencée par Fénelon, fait éclater la différence entre la perfection de son Télémaque et celle de nos Récits d’Ulysse.

On ne voit pas, on n’entend pas un aède récitant devant un auditoire de seigneurs achéens les chants les plus achevés du cygne de Cambrai : Calypso ne pouvait se consoler du départ d’Ulysse… Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein… Télémaque charmé lui fit diverses questions curieuses : « Ces peuples, lui dit-il, boivent-ils du vin ? — Ils n’ont garde d’en boire, reprit Adoam, car ils n’ont jamais voulu en faire…

En septembre 1846, dans la Nouvelle Revue encyclopédique, É. Egger dressait le compte des Traductions françaises d’Homère. Il étudiait dix traductions complètes des deux Poésies, — dont sept en prose et trois en vers, — sans compter neuf traductions de la seule