Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/134

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Iliade (dont quatre en vers), une en prose de l’Odyssée, et de nombreuses traductions partielles en vers. Il concluait :

Un célèbre critique, jugeant la traduction de Dugas-Montbel, termine par cet étrange conseil : « Un traducteur d’Homère doit lire et relire sans cesse le Télémaque ; voilà la règle ! voilà le modèle ! »

Le style de Télémaque, que Voltaire déjà recommandait tant aux traducteurs d’Homère, on peut le dire plus conforme que celui d’aucun autre ouvrage français à l’esprit de la poésie héroïque, sans l’offrir pour cela comme une règle suprême à tous ceux qui voudront nous faire comprendre le plus ancien poète de la Grèce. J’ouvre le Télémaque et, malgré cet exquis naturel qui caractérise le génie de Fénelon, je suis frappé d’énormes différences entre ce style abstrait et le langage antique.

Malgré les cadences variées qui balancent les phrases de Fénelon, cette suite de nobles causeries, de poétiques descriptions, d’homélies politiques ou morales, de courtoises ou pieuses remontrances, bref cette musique de salon, de chapelle ou d’académie n’a rien du son plus banal peut-être, moins distingué, mais combien plus puissant et rhythmé, — certains diront : moins élégant, plus monotone — de la diction épique.

É. Egger ajoutait :