Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/147

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Pendant des siècles et des siècles, les Hellènes de tout âge, de tout sexe, de toute condition et de toute patrie firent la chasse à la difficulté, — aporie, — homérique, sans pouvoir en rencontrer d’insoluble.

Il n’est pas un épisode, pas un vers des Poésies, où, dès les siècles archaïques, ces trop ingénieux bavards n’aient pas cherché l’« aporie » pour l’expliquer, le « problème » historique, mythologique, littéraire ou grammatical pour le résoudre. Porphyre qui en dressa un gros recueil au iiie siècle de notre ère, ne fit que résumer les travaux de nombreux et lointains prédécesseurs : dès le vie siècle avant J.-C., le vieux Théagène de Rhégium, « le premier qui écrivit sur Homère », recourait à l’allégorie pour éclairer les passages en discussion ; un siècle plus tard, Métrodore de Lampsaque formulait l’argument de l’« économie », de la « bâtisse », qui eut une fortune sans égale parmi les homérisants de l’antiquité ; un siècle après, Antisthène, Hippias, Héraclide et Aristote collectionnaient les résultats de ces discussions en leurs Énigmes, Problèmes, Recherches, Solutions homériques, etc.

Après eux, la « difficulté » homérique devint l’un des jeux de société et de table, dont les auteurs de Buveries et de Banquets approvisionnèrent le public : durant les six siècles