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de l’humanité égéenne, comme dans les conceptions et les sciences postérieures des Hellènes, dans leur littérature et dans l’épos même[1] : Victor Hugo et nos romantiques sont à Virgile ce qu’Homère et les autres aèdes étaient aux poètes et écrivains de l’Égypte et de la Chaldée.

Le conte odysséen de Protée est tout pareil pour la trame à ces contes de la vieille Égypte que nous rendent en langue égyptienne les manuscrits hiéroglyphiques sur papyrus des xiie et xiiie siècles avant notre ère, — donc antérieurs au Poète de quatre siècles au moins. En ces contes merveilleux, où le Pharaon s’appelle aussi Prouti, on voit des magiciens, comme dans notre épisode de Protée, prendre les formes les plus étranges : le crocodile, le lion, la panthère et l’hippopotame — que les Égyptiens appelaient « Taourt », le cochon (et non pas le cheval) du Fleuve, — y paraissent et nous expliquent les métamorphoses de notre Protée homérique en dragon, lion, panthère et gros cochon.

Cette épithète même était de style dans ces contes du Nil : jusque dans le Delta, sans doute, le peuple égyptien voyait encore cet animal obèse, dont il avait fait la déesse de l’accouchement et qu’il appelait familièrement « Taourt

  1. Ici encore, je dois renvoyer le lecteur au premier volume de cette « Résurrection d’Homère » : Au Temps des Héros, p. 81 et suivantes.