Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/172

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la réserve sans raideur, le même air de sagesse avertie, un peu rusée et, surtout, par le même sourire des yeux et des lèvres.

Cet air de famille apparaît mieux encore quand on compare ces sœurs « légitimes » aux rhapsodies « bâtardes », que rejetaient déjà les Anciens ou que condamnent les Modernes.

En celles-ci, règne un ton de vulgarité, sur un fond de pédantisme ou de prétentions outrancières, qui les dénoncent à première rencontre pour des rustres ou des parvenues.

C’est avec raison que les Commentateurs anciens avaient fait de cette urbanité un des objets de leur admiration et, tout à la fois, une des sources de leur critique : ne pouvait être homérique à leur gré ni un vers ni un morceau qui ne fût pas digne d’oreilles citadines, et tout vers ou tout passage vraiment homérique contenait, à les entendre, quelque motif apparent ou caché de sourire, quelque intention ingénieuse ou délicate.

Nos critiques modernes, depuis deux et trois siècles, mais depuis cent ans surtout, ont voulu nous faire goûter la simplicité, la naïveté, l’ingénuité même des Poésies. C’est tout justement à l’effort contraire que s’appliquaient les Anciens : Homère, à la cour des royautés néléides, dans les villes prospères d’Ionie, n’aurait été naïf et simple que dans la même