Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/176

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doigts et oreilles arrachés pour emporter un anneau d’or, mares de sang, tripes en colliers au cou des magistrats, quelle série d’horreurs ! et quel petit saint est cet Ulysse qui, dans le sac de la ville des Kikones, respecte le bois sacré, le temple et le prêtre d’Apollon ainsi que toute sa famille et n’exige que quelques amphores de bon vin ! Il est vrai que cet homme pieux se fait en outre « donner » (et l’on devine ce que le mot veut dire) par le prêtre des « présents merveilleux : sept talents d’or travaillé, un cratère d’argent »...

Il faut, pour compléter l’histoire, relire la prise de la Carthagène des Indes par nos gens du xviie siècle, le sac des églises et couvents, et les viols de nonnes, les massacres de moines et de prêtres qu’accomplissent joyeusement ces sujets du roi Très-Chrétien.

Un passage de l’Odyssée nous est garant que les mœurs du temps ne répugnaient pas toujours aux jeux de cette sorte : on coupe le nez, les oreilles, les mains et les pieds du traître Mélantheus ; on lui arrache les parties que l’on jette aux chiens toutes crues, et il ne semble pas que l’on se donne la peine d’achever le misérable ; il aura tout le temps de mourir au grand soleil ; mouches et chiens pourront le torturer...

Au second tome de l’Histoire des Flibustiers, voyez comment, après avoir « fait nager à sec »