Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/175

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aventures qui doivent quelque jour s’ajouter aux anciennes, le couple, derrière la torche d’Eurynomé, gagne la chambre nuptiale : « Mais gagnons notre lit, ô femme ! il est grand temps de dormir, de goûter les douceurs du sommeil ! », a dit Ulysse. « Ton lit te recevra dès que voudra ton cœur », a répondu Pénélope. Eurynomé les conduit, puis s’en revient, « les laissant au bonheur de retrouver enfin leur couche d’autrefois ».

Et c’était le dernier vers de la Poésie authentique, disaient les Alexandrins : — ici encore, le rideau tombait devant la chambre nuptiale.

On trouverait les meilleures preuves de la réserve et discrétion homériques, en dressant le catalogue de certains sujets que le Poète évite et de certains mots qu’il écarte systématiquement.

Quand on a lu dans Oexmelin, d’Arvieux et Raveneau de Lussan la vraie vie des Flibustiers, Boucaniers et Corsaires, on cherche vainement dans l’Odyssée quelque réplique de ces belles cruautés, infamies et violences, dont était tissée la vie de ces honnêtes gens de mer : maisons et temples forcés, femmes violées, fillettes et garçons éventrés, hommes « chauffés », empalés et écorchés, villes flambées, barques coulées ou brûlées, pendaisons, assommades, noyades, têtes envoyées pour presser le paiement d’une rançon,