Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/203

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comparé au texte traditionnel, celui de tel papyrus le dépassait de 30 et 35 pour 100.

Malgré la difficulté et les incertitudes de l’entreprise, on peut, je crois, déterminer, pour la plupart des cas, en quels passages les vers répétés sont indispensables, en quels autres ils ont été illogiquement insérés en surnombre.

Il restera toujours des « conservateurs noirs » pour répéter avec les gens de Pergame et leurs disciples qu’il est au monde trois opérations impossibles, — « arracher à Zeus sa foudre, à Hercule sa massue et à Homère l’un de ses vers », — ou pour redire avec certains Modernes qu’une répétition homérique est d’autant moins critiquable qu’elle nous semble moins rationnelle, car le radotage est parfois la marque du Vieillard aveugle, et des « naïvetés » toutes pareilles se retrouvent dans les autres « épopées populaires » : la sobriété et la variété, — dit-on, — sont de règle dans l’écriture des lettrés ; la répétition et le verbiage sont de style dans la parole chantée du peuple ; quelques disciples des romantiques professent encore qu’Homère n’est qu’une incarnation ou un prête-nom du vieux peuple achéen. Mais tout lecteur attentif, s’il sait quelques mots de grec, reconnaît bientôt qu’en ce début du xxe siècle, nous faisons expliquer à nos élèves