Les interpolations sont d’une tout autre origine et d’une tout autre nature. Elles ne comportent pas seulement un vers ou quelques vers isolés ; elles forment des blocs parfois imposants (il en est qui dépassent 4 et 500 vers suivis) ; elles sont l’ouvrage conscient et trompeur de faussaires qui fabriquaient de l’Homère, comme aujourd’hui il est des fabricants de Corots ou de Millets. Elles ne datent pas d’une seule époque ; elles sont venues s’introduire successivement par les soins des rhapsodes, des éditeurs, des commentateurs même, durant les dix ou douze siècles de l’antiquité hellénique, hellénistique et même gréco-romaine.
Molière nous dit dans la Critique de l’École des Femmes : « Le grand art étant de plaire et la pièce ayant plu à ceux pour qui elle était faite, c’était assez pour elle ; elle devait peu se soucier du reste ». Mais ayant plu d’abord à ceux pour qui elle était faite, quand la pièce a continué de plaire durant des vingtaines de générations, à des milliers d’auditoires différents, on peut croire qu’elle eut à « se soucier » du goût changeant des siècles et des publics et à s’y accommoder.