Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/220

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méthode réaliste, utilisant les rares données de l’histoire et les données plus nombreuses et moins douteuses de l’archéologie et de la géographie, peut conduire à quelques conclusions certaines.

Les Anciens voyaient déjà en telles de ces interpolations des supercheries du patriotisme local. Ils savaient qu’Athènes, aux temps homériques, n’était, autour d’un petit manoir, qu’une bourgade perchée sur son acropole et que son autorité ne put s’étendre sur les territoires et les îles du voisinage qu’à une époque beaucoup plus récente. Ils condamnaient donc le vers de l’Iliade qui annexait Salamine au domaine primitif des Athéniens ; à cette invention athénienne, le patriotisme des Mégariens en avait substitué une autre, plus honorable pour le renom de leur cité.

Une pareille invention du patriotisme athénien nous a valu, — disaient les Critiques anciens, — les trois vers de l’Iliade sur l’habileté tactique du chef athénien Ménesthée : les Athéniens, — ajoute Hérodote, — fondaient sur ces trois vers leur revendication du commandement suprême contre les Barbares.

Parmi les éditions qu’ils avaient sous les yeux, les gens d’Alexandrie mentionnent la Crétoise : c’était sans doute l’édition officielle qu’avait fait établir, pour l’usage de ses écoles