Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/227

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Et le drame satyrique, pour achever, empruntant à l’épos jusqu’à ses personnages et ses sujets, parodiait ceux-ci, ridiculisait ceux-là, invertissait les histoires les plus belles et les situations les plus poignantes : de la Cyclopée d’Homère, sortait le Cyclope d’Euripide. Aussi d’étranges confusions arrivèrent-elles bientôt à se faire dans la tête du public : les Commentateurs se croyaient obligés de prévenir le lecteur que le proverbe sur « la marmite de Télémaque » se rapportait, non pas au fils d’Ulysse, mais à un Athénien d’Acharnes, qu’avaient rendu célèbre son insatiable appétit et sa pauvreté.

Les connaisseurs et les délicats gardaient au Poète leur culte et leur estime. Ils le louaient de ne rire qu’à ses heures : « s’il est du temps pour rire, il en est aussi pour ne pas rire », avait dit sagement Anacharsis. Seuls, les stupides Tirynthiens faisaient de toute leur vie un seul éclat de rire. Reste à savoir si, toujours et partout, les hommes assemblés ne deviennent pas des Tirynthiens.

Nous avons rencontré déjà dans les tirades de la « panse » les appels à ce gros rire de la foule. Deux morceaux de notre texte odysséen peuvent nous en fournir de plus beaux exemples encore : un calembour, d’une part ; une parodie, de l’autre.