Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/231

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en sa Poétique, au chapitre VIII, il loue Homère de ne jamais traiter que l’essentiel du sujet et, par exemple, de ne nous avoir pas raconté dans l’Odyssée l’histoire de la blessure d’Ulysse sur le Parnasse. Ces deux affirmations d’Aristote et de Platon ne prouvent que la différence des textes qu’ils avaient sous les yeux : Julius Africanus connut des éditions où figurait l’invocation citée par lui, et d’autres où elle ne figurait pas.

Dès l’antiquité, l’épisode des Amours d’Arès et d’Aphrodite au chant VIII ne passait pour authentique qu’auprès des ignorants et de la foule grossière. Berlioz nous parle « des parties de grosse caisse, de trombone et d’ophicléide, ajoutées à Londres aux partitions de Don Giovanni, de Figaro et du Barbier de Séville ». Voici une musique de cette sorte. Sur l’agora des Phéaciens, Alkinoos fait danser les jeunes gens :

Démodocos, tenant la cithare au chant clair, s’avança dans le cercle ; la fleur des jeunes gens, champions de la danse, debout autour de lui, voltaient et, de leurs pieds, frappaient le plan de l’aire. Ulysse était tout yeux devant ces passe-pieds dont son cœur s’étonnait.

Démodocos alors préluda, puis se mit à bellement chanter. Il disait les amours d’Arès et de son Aphrodite au diadème, leur premier rendez-vous secret chez Héphæstos, et tous les dons d’Arès, et la couche souillée