Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/232

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du seigneur Héphæstos, et le Soleil allant raconter au mari qu’il les avait trouvés en pleine œuvre d’amour.

Héphæstos accueillit sans plaisir la nouvelle ; mais, courant à sa forge, il roulait la vengeance au gouffre de son cœur.

Quand il eut au billot dressé sa grande enclume, il forgea des réseaux de chaînes infrangibles pour prendre nos amants. Puis, le piège achevé, furieux contre Arès, il revint à la chambre où se trouvait son lit : aux pieds, il attacha ces chaînes en réseau ; au plafond, il pendit tout un autre réseau, vraie toile d’araignée, — un piège sans pareil, imperceptible à tous, même aux dieux bienheureux ! et quand, autour du lit, il eut tendu la trappe, il feignit un départ vers les murs de Lemnos, la ville de son cœur entre toutes les terres. Arès, qui le guettait, n’avait pas l’œil fermé : dès qu’il vit en chemin le glorieux artiste, il prit ses rênes d’or, et le voilà courant chez le noble Héphæstos, tout de feu pour sa Kythérée au diadème !

La fille du Cronide à la force invincible rentrait tout justement du manoir de son père et venait de s’asseoir. Arès entra chez elle et, lui prenant la main, lui dit et déclara :

Arès. — Vite au lit, ma chérie ! quel plaisir de s’aimer !… Héphæstos est en route ; il doit être à Lemnos, parmi ses Sintiens au parler de sauvages.

Il dit, et le désir du lit prit la déesse. Mais, à peine montés sur le cadre et couchés, l’ingénieux réseau de l’habile Héphæstos leur retombait dessus : plus moyen de bouger, de lever bras ni jambe ; ils voyaient maintenant qu’on ne pouvait plus fuir. Et voici que rentrait la