Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/238

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Cette division n’est pas du Poète. Elle est des grammairiens de l’école alexandrine. Elle leur parut nécessaire à cause de la longueur interminable et, par là, rebutante de ces Poésies : d’où ce découpage en vingt-quatre tranches. Les gens d’Alexandrie ne jugèrent pas utile de donner à ces tranches le nom de premier, second, troisième discours, etc., comme a fait Quintus de Smyrne. Mais, vu le nombre de ces tranches, ils jugèrent préférable de leur donner le nom de Lettres.

Les Latins ne gardèrent pas ce nom : ils disaient « livres » ; nous disons plus volontiers « chants », comme si le Poète avait produit successivement ces différentes parties de son ouvrage. Du coup, la réelle nature de cette division alexandrine a été un peu oubliée : la plupart de nos homérisants et de nos historiens de la littérature grecque étudient, chant par chant, l’Iliade et l’Odyssée ; puis, sur l’étude d’un chant séparé ou sur la comparaison de divers chants entre eux, ils fondent leurs théories ; à les entendre, tel chant est authentique et tel autre ne l’est pas ; tel chant est de la main d’un grand écrivain et tel autre n’est que l’ouvrage d’un maladroit imitateur…

Il faut dire et redire à nos contemporains que cette distribution en tranches ou lettres — on devrait dire plus exactement : en tomes[1],— n’a

  1. Le mot français tome est la transcription du grec tomos, qui signifie « coupure, tranche ».