Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/254

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dont tous les panneaux de même taille, mais indépendants, font partie d’un ensemble et traitent, chacun, un chapitre du sujet. En cette suite phéacienne, l’auteur du carton primitif n’avait imaginé et créé que onze panneaux : deux autres furent ajoutés par le goût douteux des âges plus récents ; outre que leurs anachronismes les dénoncent, ils se distinguent aux yeux les moins prévenus par la différence de matière, de couleur et de style.

Les onze épisodes originaux sont, pris à part ou juxtaposés, les ouvrages les plus parfaits peut-être, du génie grec. On peut les examiner point à point, fil à fil, sans trouver jamais dans la chaîne ou la trame la moindre malfaçon ni la moindre faiblesse : c’est partout la même qualité de la matière et la même maîtrise du métier, au service de l’art le plus vigoureux et le plus fin. Si j’avais à suggérer au lecteur français un terme de comparaison, je le renverrais aux tragédies les plus achevées de notre Racine : composition et exécution, ensemble et détail, fond et forme, langue et vers, mots et phrases, dialogues et descriptions, tout conspire à la perfection de cette œuvre de force et de charme, de simplicité et de noblesse, d’émotion et d’éloquence, de terreur et de sourires, où l’homme de tous les siècles vient se chercher et se reconnaître.