Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/255

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Chacune de ces scènes, avec ses 250 ou 280 vers, convenait et pouvait suffire à une récitation séparée, sans le moindre risque de fatigue ni pour le récitant ni pour l’auditoire.

Mais que dire de la représentation continue, globale, de la pièce tout entière ?… Combien d’heures exigeait-elle ?… combien de relais de récitants ? et combien de courts repos ou de longues interruptions pour l’auditoire !

Pourtant 2.900 hexamètres, au rhythme de 10 à 12 à la minute, sans pause ni repos, ne prendraient guère que quatre heures et demie. Ajoutez une autre heure et demie pour les pauses. C’est au total six heures de séance. Les 1300, 1500 et même 1800 vers d’une tragédie de Sophocle exigeaient beaucoup moins de temps ; ces vers étaient plus courts. Mais peut-être les évolutions du chœur, les silences et gestes des personnages, le jeu des machines et les intermèdes musicaux nécessitaient quelque durée supplémentaire. Or, le public athénien était capable d’écouter, le même matin et d’affilée, non pas une tragédie seulement, mais une, parfois deux trilogies composées, chacune, de trois tragédies et d’un drame satyrique.

Il ne faut pas mesurer sur la nôtre l’endurance de ces auditoires antiques. D’ailleurs, nos directeurs de théâtre ne donnent-ils pas quelquefois cinq actes de Molière et cinq actes de Corneille