Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/257

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mais décalqués ou à peine modifiés, tout juste accommodés au service qu’ils doivent remplir en leur nouvelle place. Encore en est-il plusieurs qu’il a fallu ou mutiler ou affaiblir pour les y faire entrer. Quand Racine en ses Plaideurs reprenait le vers du Cid,

Ses rides sur son front gravaient tous ses exploits,

il s’adressait à un public qui saluait d’un sourire cette réminiscence voulue et plaisamment irrespectueuse. Le Voyage contient nombre de vers qui furent empruntés de même au texte des Récits, avec la même intention et, sans doute, le même résultat.

Le Voyage est donc postérieur aux Récits et la longueur différente de ses épisodes (390 vers au lieu de 280) montre assez qu’il est non seulement d’une autre main, mais d’une date plus récente.

Pour les forces et l’aisance d’un compositeur-récitant, d’un aède à la mode ancienne, la scène de 280 vers était plus justement mesurée : l’acteur de métier, le rhapsode, put ensuite s’habituer lui-même à la rude tâche de débiter sans grand repos 390 vers, et habituer son public à la patience de les écouter.

Le sujet du Voyage, comparé au sujet des Récits, apparaît comme une copie moins belle, moins variée, mais de même invention : les