Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/280

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sans plus suivre les allées et venues de ses héros à travers porche, cour, entrée, avant-pièce et grand’salle, le fabricant du chant I a maladroitement imité et brouillé certains passages de la Vengeance. Le résultat fut de soulever, dès l’antiquité, l’une des plus grosses « difficultés »[1], dont notre texte actuel de l’Odyssée ait eu à supporter la « solution ».

Si les lances d’Ulysse, en effet, sont au râtelier, contre l’une des colonnes, à l’intérieur de cette grand’salle où le Massacre se déroule, — comment les prétendants ne les décrochent-ils pas aussitôt pour s’en servir contre Ulysse et défendre leur vie ? pourquoi attendent-ils que Mélantheus leur en aille chercher d’autres au lointain arsenal ?...

La réponse des Anciens à cette « difficulté » fut une triple interpolation aux chants XVI, XIX et XXII, pour permettre à Ulysse et à Télémaque de déménager de la grand’salle les armes de la panoplie, qui n’existait pas dans le texte authentique. Cinquante vers interpolés au début du chant XIX sont particulièrement ridicules. Le chant commence par les vers 1-2 :

Seul, le divin Ulysse restait en la grand’salle à méditer, avec le secours d’Athéna, la mort des prétendants. Soudain, à Télémaque, il dit ces mots ailés...

  1. Voir plus haut, p. 147 et suivantes.