Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des deux villes ou l’émulation des deux sanctuaires a suscité peut-être, en face du drame épique, la naissance, puis la concurrence de ce drame tragique, dont la fortune fut sans rivale durant quelque vingt-trois siècles ; car, passant l’Archipel et s’installant, se développant, atteignant la perfection sur la scène athénienne, ce drame nouveau ne valut pas seulement à l’Hellade classique ses Eschyle, ses Sophocle et ses Euripide ; tout au long des temps hellénistiques et gréco-romains, la tragédie eut la popularité, qu’elle retrouva dans tout l’Occident après la Renaissance et qu’elle garde parmi nos lettrés.

Mais, rangée désormais parmi les œuvres et productions du temps jadis, on ne voit pas qu’elle puisse trouver encore des continuateurs ; c’est un « genre littéraire » de forme périmée. Il serait curieux, mais non pas étrange, que, par les goûts nouveaux de notre public et par les nouvelles ressources de notre machinerie théâtrale, notre littérature fût ramenée à l’étude, à la pleine compréhension, à l’imitation peut-être du drame épique.

Janvier-juillet 1930.