Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Troie sa belle charge de butin précieux, alors que nous, au bout de ce même voyage, n’avions pour revenir au logis que mains vides… Et voyez ce qu’il vient de recevoir encore, pour avoir su gagner le cœur de cet Éole !… Allons, vite ! il faut voir ce que sont ces cadeaux.

Ils disaient, et l’avis funeste l’emporta. Ils défirent le nœud : tous les vents s’échappèrent, et soudain la rafale, entraînant mes vaisseaux, les ramenait au large ; mes gens en pleurs voyaient s’éloigner la patrie !…

Arété ne savait rien encore de cette histoire. Il est donc certain que l’épisode des Jeux n’appartient pas au texte primitif : s’il y est fait une indiscutable mention de l’écriture, on en peut conclure qu’il fut composé au temps des démocraties lettrées et de la vogue des Grands Jeux, deux siècles, trois siècles peut-être après l’âge homérique ; l’auteur voulait plaire aux auditoires de la Grèce athlétique, dans laquelle la plus grande gloire était « de bien jouer des jambes et des bras ». Mais on ne saurait en tirer la preuve qu’aux temps des héros, la flotte d’Agamemnon eût ses écrivains du bord.

L’allusion claire ou voilée de l’Iliade appartient de même à un épisode qui ne fait pas corps avec le texte authentique. Hector, aux vers 111-118 de ce chant VI, annonce à ses Troyens et à leurs alliés qu’il va s’éloigner un instant