Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/36

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leurs cuisiniers et palefreniers, celui de leurs fourneaux et de leurs écuries.

L’Albanie de ces mouchirs, pas plus que l’Achaïe de nos héros, n’ignorait entièrement l’alphabet et les livres de l’étranger : elle commençait seulement d’écrire sa propre langue et de fixer en lettres les paroles et les pensées de son peuple ; mais elle connaissait déjà des écrits et des imprimés dans les trois langues de ses maîtres ou vassaux, — turc, grec et roumain, — ou des fournisseurs avec lesquels elle avait lié des rapports de commerce et de politique, — italien et français, surtout… Il est probable que, durant de longs siècles, l’Hellade primitive en usa de même avec le phénicien, l’hittite, le crétois, le pélasgique, peut-être.

L’épos fut le poème, par excellence, de cette première Achaïe guerrière et aristocratique, — on peut dire : féodale[1], — comme la tragédie devint le poème, par excellence, de la démocratie athénienne. Entre ces deux formes de drame, la lyrique des Doriens et des Éoliens

  1. Ici encore, je dois renvoyer le lecteur au premier volume de cette « Résurrection d’Homère » : Au Temps des Héros, p. 41 et suivantes.