Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/50

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l’influence profonde des littératures levantines. La Chaldée, l’Égypte et, surtout, la Phénicie, leur élève, furent, pour l’Achaïe d’abord, pour l’Ionie ensuite et pour toute l’Hellade enfin, ce que la Grèce, à son tour, fut pour Rome, et Rome, à son tour, pour l’Occident.

Mais dans l’histoire grecque, restaurée par nos philologues et archéologues, un trou noir se creuse encore entre la Grèce mycénienne et la Grèce archaïque et classique : les cinq ou six siècles qui séparent la Mycènes d’Agamemnon et l’Athènes de Pisistrate (1200-600 avant J.-C.) nous sont à peu près inconnus : en Europe, la conquête dorienne, qui avait ruiné la culture antérieure, faisait peser sur la Grèce ce que Voltaire appelait déjà le « Moyen-Age » dorien ; en Asie-Mineure, par contre, une riche et brillante civilisation avait fait de l’Ionie la terre de la pensée et des arts helléniques. Mais de ces arts et de cette pensée, nous ne savons rien de précis : les Sept Sages et le Poète ne nous apparaissent que dans une brume de légende ; aucune fouille patiente et libre ne nous a renseignés encore sur la vie, les ouvrages, les parlers et l’écriture de cette Hellade un peu exotique. Combien d’années faudra-t-il avant que, librement explorée, elle nous rende en quantité suffisante les documents certains ? quand donc Smyrne, Éphèse et Milet