Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/66

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contraire, rien ne nous renvoie à ces prétendants, — et rien non plus à un groupe des partisans de Télémaque, dont Eurymaque lui-même ignore la présence : Mentor ne viendra qu’ensuite parler en leur nom et prendre la défense du fils d’Ulysse.

Aussi les meilleurs de nos traducteurs d’Homère voient-ils plus volontiers dans le mot ceux-ci un neutre pluriel : à cause de ces choses ; — mais quelles choses ?...

Il suffit d’un geste pour rendre à ce vers 191 une clarté et une vigueur tout homériques. Au début de son discours, Halithersès avait parlé des prétendants qu’il désignait, dans la suite, par le mot ceux-ci. Eurymaque parle en vérité d’autres personnages qui, tout à coup, sont venus prendre en cette assemblée d’Ithaque le rôle prépondérant, — deux aigles envoyés par Zeus :

Télémaque parlait. Deux aigles, qu’envoyait le Zeus à la grand’voix, arrivaient en plongeant du haut de la montagne. D’abord, au fil du vent, ils allaient devant eux et, volant côte à côte, planaient à grandes ailes. Mais bientôt, dominant les cris de l’agora, ils tournèrent sur place, à coups d’aile pressés, et leurs regards, pointés sur les têtes de tous, semblaient darder la mort ; puis, se griffant la face et le col de leurs serres, ils filèrent à droite, au-dessus des maisons et de la ville haute.