Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/80

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a là son clos de vigne en plein rapport, et la ville est tout près, à portée de la voix… Fais halte en cet endroit ; tu t’assiéras, le temps que, traversant la ville, nous puissions arriver au manoir de mon père. Mais lorsque tu pourras nous croire à la maison, alors viens à la ville ! demande aux Phéaciens le logis de mon père, du fier Alkinoos ; c’est facile à trouver : le plus petit enfant te servira de guide.

» Aussitôt à couvert en ses murs et sa cour, ne perds pas un instant : traverse la grand’salle et va droit à ma mère ; dans la lueur du feu, tu la verras assise au rebord du foyer, le dos à la colonne, tournant sa quenouillée teinte en pourpre de mer, — enchantement des yeux ! Ses servantes sont là, assises derrière elle, tandis qu’en son fauteuil, le dos à la lueur, mon père à petits coups boit son vin comme un dieu. Passe sans t’arrêter et va jeter les bras aux genoux de ma mère, si tes yeux veulent voir la journée du retour.

En cette soirée déjà tardive, Alkinoos, sa femme et ses convives ont achevé de dîner : on « fait cercle » après le repas ; le roi a quitté la table et la place qu’il occupait auprès de ses collègues et invités. Car le récit, que nous fait le Poète, du massacre des prétendants, peut fournir des indications précises sur les places occupées par chacun.

Télémaque, maître de maison en l’absence de son père, occupe le premier fauteuil, derrière la première table dans le couloir de droite : le couloir de façade, entre la porte d’entrée