Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Les derniers survivants sont Liodès l’aruspice, Phémios l’aède et Médon le héraut. Ulysse est sans pitié pour Liodès :

Liodès. — J’embrasse tes genoux, Ulysse ! épargne-moi !… pitié !… Je te le jure : jamais dans ce manoir, je n’ai rien dit, rien fait pour outrager tes femmes ! même, quand je voyais les autres mal agir, je mettais le holà ; mais ils continuaient de se souiller les mains sans vouloir m’écouter ! et leurs folies ont mérité ce sort affreux ! Moi donc, qui n’ai rien fait qu’être leur aruspice, vais-je tomber aussi ?… n’est-il que ce paîment pour avoir bien agi ?

Ulysse l’avisé le toisa et lui dit :

Ulysse. — C’est toi qui t’honorais d’être leur aruspice ! alors, tu dus souvent prier en ce manoir pour éloigner de moi la douceur du retour et me prendre ma femme et en avoir des fils !… Ah ! non ! pas de pitié ! pas de fuite ! la mort !

Et, ramassant l’épée de l’un des prétendants, Ulysse la plonge au cou du malheureux. Dans le même angle de la salle, à gauche de l’entrée, l’aède cherche à éviter la Parque ténébreuse, « lui, qui jamais n’avait chanté que par contrainte devant les prétendants » :

Tenant entre ses bras la cithare au chant clair, il restait indécis, auprès de la poterne : quitterait-il la salle ? irait-il au dehors, à l’autel du grand Zeus, protecteur de la cour ?… dans la salle, irait-il prendre Ulysse aux genoux ?…