Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/109

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détracteurs d’Homère, il cite l’abbé de Boisrobert : «Ce bel esprit du cardinal Richelieu disoit qu’Homère n’étoit qu’un véritable rhapsodiste, à qui les seules bévues des critiques ont donné du nom et de la réputation ; il prétendoit que ses poèmes n’étoient composés que de chansons pareilles à celles du Pont-Neuf qu’il chantoit en public » (III, p. 347).

En bas de cette citation, Adrien Baillet renvoie, en note, à la Guerre des Auteurs. A la page 18 de la réimpression de 1723, cette Guerre burlesque met aux prises Homère et Boisrobert : « Boisrobert, qui de sa vie n’avoit pu trouver de goût à la lecture de ce poète, se fit ouverture dans la presse et commença son discours : Paroyssez,... fameux critiques ; venez, Saumaises, Scaligers, Castelvetros, Vidas ; en un mot, approchez, légion de Commentateurs et d’Interprètes, et apprenez aujourd’hui de moi que celui que vous appelez le Prince des Poètes n’est qu’un misérable rhapsodiste à qui vos seules bévues ont donné du nom. Ne vous entêtez pas si fort de cet aveugle ; ses poèmes ne sont composés que des chansons qu’il chantoit devant la Samaritaine et sur le Pont-Neuf de son temps ; c’étoit un coureur de cabarets qui suivoit la fumée des bons écots et j’ai plus d’un garant parmi Messieurs les Anciens qui me font dire qu’il n’avoit pas d’emploi plus honorable que celui de notre fameux Savoyart. »

Nous voici remontés à la source première : de cette boutade de Gabriel Guéret, Adrien Baillet fit la note savante que l’on a lue plus haut, et c’est dans Adrien Baillet que Wolf vint cueillir cette opinion prétendue de Boisrobert, pour l’épingler en douceur au compte de d’Aubignac. On en concluera que Wolf du moins lisait, avec ou sans attention, nos critiques du xviie siècle... Peut-être. Mais voyez la rencontre : c’est dans Baillet, réédité par La Monnoie, que se trouve la