Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/11

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d’admirateurs français de Wolf semblent n’avoir jamais lu même cette analyse[1].

« Les Prolégomènes de Wolf, écrivait A. Pierron en 1869, sont un livre célèbre, mais non pas un livre connu ; presque tous ceux qui le citent copient des citations... ; rien n’est plus pénible que de se rendre un compte exact de l’ensemble du livre ; on est même réduit à se faire proprio marte une formule nette du système, car Wolf insinue plus qu’il n’affirme, et il n’a jamais écrit nulle part cette phrase qu’on lui prête et qui résume en effet les Prolégomènes : « Il n’y a point eu d’Homère » ; il faut avoir lu les Prolégomènes au moins trois fois d’un bout à l’autre pour y voir clair, pour se convaincre que Wolf a un plan, pour dire qu’on connaît ce plan et qu’on suit bien le fil de la pensée mère. »

J’ai relu cinq et dix fois les Prolégomènes et, la dixième, je me suis senti plus incertain que la première d’avoir trouvé cette pensée mère et son fil. En ouvrant le livre une première fois, il suffit de regarder le titre, semble-t-il, pour avoir une idée claire et complète de l’ensemble ; la seule édition, parue du vivant de Wolf (1795), porte en effet :


Prolegomena ad Homerum
Sive de Operum Homericorum
Prisca et genuina Forma,
Variisque Mutationibus
Et probabili Ratione Emendandi
Volumen I.

Halis Saxonum, e Libraria Orphanotrophei,
Clɔlɔcclxxxxv

ce qui doit signifier :

  1. Alexis Pierron, L’Iliade d’Homère, Hachette, Paris, 2e édition corrigée, 1884 : vol. II, appendice IV, p. 539-563.