Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/10

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Épagomène Viguier, on lisait encore ce chef-d’œuvre : « Depuis les plus hautes considérations sur l’éloquence grecque jusqu’aux moindres nuances de la diction et aux détails des mœurs et des localités, il répond à tous les besoins de la critique avec une telle supériorité que l’on ne saurait trouver aucun travail du même genre exécuté avec autant de perfection ; la simplicité et la pureté du style des grandes époques antiques ont été caractérisées dans les plus beaux passages de ces Prolégomènes, avec une latinité digne du sujet. » Mais qui sait aujourd’hui que Fr.-Aug. Wolf a écrit des Prolégomènes à la Leptinienne et que ceux-là sont les bons ? J’ai sur ma table le seul exemplaire qu’en possède la bibliothèque de la Sorbonne, où, d’ailleurs, il n’est entré qu’en 1873. Je n’ai pas eu à en couper les pages : il est habillé de la plus fine des anciennes reliures. Mais, j’ai dû les décoller une à une : elles étaient encore soudées par la dorure des tranches... Dans l’estime de nos érudits, soit en Allemagne, soit ailleurs, Wolf n’était plus que l’auteur des Prolégomènes à Homère : Wolf et Homère, deux noms désormais accouplés comme Napoléon et Austerlitz, Homère n’étant plus que le nom d’une grande victoire critique, remportée par Fr.-Aug. Wolf.

Quand on relit aujourd’hui ces fameux Prolegomena ad Homerum avec la seule intention de les connaître, on demeure étonné du renom mondial qu’ils ont valu à leur auteur, et l’on se demande si la plupart de ceux qui les ont tant vantés et les vantent encore les ont jamais ouverts. Le dernier éditeur français d’Homère, Alexis Pierron, qui les avait lus et relus, en donne une analyse détaillée et d’assez longues citations, comme appendice au second volume de son Iliade : beaucoup