Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/121

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Mais cette même considération n’avait pas arrêté notre abbé, bien qu’il l’eût devant les yeux. Le premier et le dernier mot de son livre nous montrent comment il entendait les droits de la critique. Il a « toujours cru qu’un honnête homme ne devoit point distinguer sa conduite par des sentimens contraires à ceux du public... et qu’il fallait être vertueux avec ordre et sage à la mesure des autres » (p. 1-2) ; il a une égale horreur de l’hérésie en religion et de la fronde en politique. « Mais il n’en est pas ainsi des matières d’érudition : il est libre, il est même très louable à tous ceux qui cultivent les sciences et les belles lettres » de considérer que « Dieu a donné l’univers à l’homme pour un objet de sa curiosité... ; il n’y a point de loi dans la politique qui empêche d’examiner et de censurer Homère, ni d’article de foi qui prononce excommunication majeure contre ceux dont les scrupules ne s’accorderoient pas avec les écrivains des derniers siècles » (p. 4-5). D’Aubignac ne veut « juger de rien par autorité, mais seulement par des maximes indubitables » : Aristote n’est qu’Aristote et, même contre lui, il faut chercher la vérité pour la révérer. Quand encore on lui donnerait à lui, d’Aubignac, les preuves de son erreur et qu’il témoignerait « d’une interprétation trop subtile ou d’une complaisance opiniâtre pour soutenir un aveuglement volontaire », il ne veut pas admettre que « la persévérance dans son erreur puisse offenser son devoir ni sa profession ». C’est son dernier mot de la dernière page 359.

Wolf écrivait le 2 mai 1795 à son conseiller[1] Böttiger (les Prolégomènes avaient paru à la Foire de Pâques ;

  1. Voir à ce sujet W. Peters, Zur Geschichte. p. 9 : Wolf nennt Böttiger seinen Räther... ; kaum wird Wolf ihm die Kenntniss der gelegentlichen Bemerkungen des Casaubonus und Bentley verdanken, etc.