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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/129

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Au nom de la royale et frédéricienne université de Halle, Wolf en 1786 louait feu le grand Frédéric d’avoir été le champion de toutes les libertés : libertés germaniques dans l’Empire contre la tyrannie et le papisme de Vienne, et liberté de l’esprit dans le royaume ; roi vraiment divin, Frédéric n’avait pas seulement concédé aux érudits toute liberté de juger de tout suivant leur propre arbitre ; il avait encore voulu que ce ne fût pas là une concession de droit nouveau, un bienfait, un service de sa part ; en sa perspicacité qui devançait son siècle sur tant de points, il avait bien vu, ce grand roi, que, privées de liberté, les études libérales ne sauraient vivre ou mériter leur nom[1]...

Sujet du grand Frédéric, Wolf avait donc partagé avec son roi le désir de toutes les libertés honnêtes, qui pouvaient se concilier avec l’autorité de la couronne et la grandeur de la Prusse, et les idées françaises lui plaisaient alors puisqu’elles étaient de mode à Postdam. En 1791, il écrivait encore au français d’Ansse de Villoison, dans sa préface à la Prosodie de Reiz : « C’est à bon droit que je t’envoie et dédie ce livre, homme illustre, et tu ne saurais en être surpris : Reiz avait pour toi une telle affection, une telle reconnaissance ! C’est à peine si, dans toute l’Allemagne, tes premiers travaux avaient trouvé un pareil défenseur et, quand

  1. Kleine Schriften, I, p. 5-11 : revocaremus hic animos vestros, Commilitones, ad memoriam socialis foederis, quod Teutonicae libertati novo firmamento stabiliendae inter Principes factum est, nisi adeo nova esset res el vulgi praeconiis celebrata ; sed quid cum publica libertate conjunctius est quam privata ingeniorum libertas ? hanc nonne denuo revocatam et stabilitam eidem auctori debemus ? ac nisi universa Divi merita de re litteraria diligentius alibi recolenda essent, libenter nos pro munerum nostrorum rationibus in hoc uno versaremur... ; neque enim dum libertatem de quibus libet rebus ad proprium judicium, non ad publicam quandam normam aut alterius judicium sentiendi concessit eruditis, novum quoddam jus concessisse videri voluit, aut rem, in beneficii seu meriti loco haberi.