Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/128

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et une haute situation. En 1794, ce prince des philologues avait plus d’un titre à l’admiration de Wolf : il avait édité les Variae Lectiones de Muret, que Wolf avait ensuite réimprimées ; il avait édité l’Hymne homérique à Déméter que l’on venait de retrouver (1782), et Wolf lui en avait emprunté le texte pour son édition de 1784 ; il avait commenté Hésiode, et Wolf avait largement profité de ce commentaire pour son édition de la Théogonie. Antérieurement, Ruhnken avait publié (1766) une étude sur Longin, à laquelle Wolf ne cessait de recourir. Enfin Ruhnken était le contemporain et, dans l’estime des érudits, le rival du vieil Heyne que Wolf cordialement détestait : en sa fameuse note 84 des Prolégomènes, Wolf avait eu soin de rappeler que, dans son édition projetée, Bentley voulait déjà rétablir le digamma dont Heyne faisait, un demi-siècle plus tard, l’objet de ses recherches[1]...

Wolf avait-il demandé à Ruhnken de lui trouver une place et un enseignement en Hollande ? L’idée était-elle venue de Ruhnken ? Je pencherais vers la seconde opinion[2] ; mais Wolf accepta d’abord l’idée et demanda quelques détails sur le salaire et les charges que comportait une chaire à Leyde.

En l’an de grâce 1795, la Prusse de Frédéric-Guillaume II n’était pas une terre de pensée très libre. Nous avons les deux panégyriques qu’en un beau latin d’apparat, Wolf composa sur le grand Frédéric en 1786 et sur Frédéric-Guillaume en 1797. L’éditeur des Kleine Schriften de Wolf a respectueusement publié en tête de son ouvrage ces deux Parentalia sacra Academiae regiae Fredericianae.

  1. At ipse Bentleius, qui senectuti suae criticam Homeri seposuerat..., digamma aeolicam eum reducturum fuisse Dawesius et alii operose docent.
  2. Cf. F.-C. Kraft, Epistolae, p. 142 et suiv.