Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/13

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ses amis considéraient qu’il avait oublié ce grand projet[1].

Dans ses papiers, on en a retrouvé quelques pages esquissées plutôt que rédigées, et les éditeurs récents des Prolégomènes donnent parfois ces pages posthumes à la suite du texte primitif. Mais, entre elles et la dernière phrase de ce texte, se creuse un trou que rien dans les études de Wolf n’a comblé, que rien ne pourrait combler aujourd’hui encore ; même après un long siècle de grands travaux historiques et philologiques, je doute que le plus averti de nos homérisants pût traiter le sujet ; il faudrait y mettre toute l’histoire d’Homère durant les temps romains, byzantins et médiévaux ; c’est encore, à l’heure où j’écris, terra fere incognita.

Mais, ce trou franchi, il semble que nous ayons la fin des Prolégomènes dans la Préface que Wolf mit, dix ans plus tard, à son édition de 1804. Car, à trois reprises et de dix ans en dix ans, Wolf a édité tout ou partie des poèmes homériques :

1° Édition scolaire et, comme il dit lui-même, « bon marché », de Halle en 1784-1785 : quatre volumes, comprenant l’Iliade et l’Odyssée ;

2° Édition savante ou Recension de Halle en 1794- 1795 : trois volumes, comprenant les Prolégomènes et la seule Iliade ;

3° Édition « de luxe » ou, comme on dit encore, Novissima Recensio de Leipzig en 1804-1807, souvent réimprimée de 1804 à 1817 : quatre volumes, comprenant l’Iliade et l’Odyssée.

C’est dans l’édition savante de 1794-1795 que paru-

  1. Cf. W. Peters, Zur Geschichte, p. 17, note 27 : dem ersten Theile der Prolegomena sollte bekanntlich noch ein zweiter folgen, an den Wolf aber wohl nie ernstlich gedacht hat. Im N. T. Merkur 1796, III, S. 406, wird aus Halle am 11 Nov. 1796 geschrieben : « An die Fortsetzung seiner Prolegomena, will er jetzt nicht erinnert sein. »