Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/31

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bon. L’excuse de 1785 ne pouvait plus être invoquée : rien ne limitait Wolf ni dans le choix des sujets à traiter, ni dans le nombre des pages à remplir ; l’éditeur accordait tout.

L’Iliade était là, toute prête, n’attendant pour paraître à la prochaine foire de Leipzig que la compagnie ou la direction de ces Prolégomènes qui n’étaient toujours pas faits... Enfin, au bout du compte, tandem denique, – et, comme en 1785, à la veille de la foire, mercatu urgente, – Wolf part au galop, « en invoquant le dieu du joyeux succès ; tel le héros d’Apulée », le voilà lancé à fond de train, ne regardant que le terme de la course, ne voyant même pas le papier lui filer sous les doigts. Il écrit, il écrit, tant et tant que cette « préface » devient un livre qui, par le nombre des pages, va égaler l’Iliade. Des raisons de librairie, que Wolf ne nous dit pas, interviennent alors pour l’arrêter brusquement, en pleine argumentation.

La bâtisse, continue Wolf[1], est donc interrompue, mais solidement fondée : on pourra monter un nouvel étage le jour où des juges intelligents réclameront cette édition modèle que l’auteur méditait. Ce jour-là, Wolf reprendra tout le sujet, et depuis les plus lointaines origines : il rendra leur forme originelle, nativam formam, à ces monuments de la poésie grecque ; il racontera leurs changements à travers les âges et les fortunes diverses de leur rédaction, de leur correction et de leur interprétation ; de siècle en siècle, il poursuivra cette histoire d’Homère jusqu’à nous, horum monumentorum nativam formam et ascitam modificationem variamque fortunam scripturae, emendationis et interpretationis eorum ad nostra usque tempora deducam.

Nous voilà revenus aux promesses du titre : si Wolf

  1. Kleine Schriften, I, p. 199.