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ne les tient pas aujourd’hui, c’est qu’il les tiendra demain... Mais que deviennent ces « désirs du vide » et cette « débauche de divination », dont il menaçait tout à l’heure les imprudents qui pensent à retrouver « la forme ancienne et originale des poèmes homériques » ?...

Telle est, d’après Wolf, l’histoire un peu romanesque des Prolégomènes. Nous pourrions la contrôler si nous connaissions mieux la vie et les occupations de Wolf durant les années 1793, 1794 et 1795. Il existe à Berlin et à Leipzig une correspondance entre Wolf et Böttiger : 34 lettres de Wolf, 42 de Böttiger, dont M. W. Peters, dans son Programme, Zur Geschichte der Wolfschen Prolegomena, a publié en 1890 une analyse et quelques citations. En temps ordinaire, j’aurais fait le voyage de Berlin. Pour l’heure, acceptons le récit de Wolf ; essayons seulement d’en préciser certaines dates.

Nous ne pouvons pas savoir à quelle date précise de l’année 1794 ou 1795, Wolf se mit à écrire ces Prolégomènes dont il parlait depuis dix ou onze ans. Nous voyons seulement que les Prolégomènes étaient terminés quand fut écrite la [Salutation au Lecteur] du 1er mars 1795 ; mais ils n’étaient pas commencés peut-être en février 1794 : dans l’Allgemeine Litteratur-Zeitung du 22 de ce mois, Wolf annonçait la prochaine apparition de son Iliade, sans parler de Prolégomènes. Au chapitre xii (note 8) de ceux-ci, il nous dit que tel ouvrage, publié en 1793, a paru « l’an passé, praeterito anno ». Ce serait donc au cours et, probablement, dans les six derniers mois de 1794, peut-être même au début de 1795, que Wolf aurait pris le galop et abattu d’une traite ses 280 pages.

En son chapitre xxvii (note 84), il nous assure que depuis treize, quatorze ou quinze ans, depuis 1781 ou