Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/42

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élevé ne pouvaient pas convenir à la pauvreté de la jeunesse studieuse... Nous allons retrouver dans la carrière de Wolf plus d’une histoire de cette sorte : souvent, par une mauvaise chance qui toujours le poursuit, il décide ou il entreprend des publications que d’autres étaient justement en train d’achever ; le travail d’autrui paru, comment ne pas publier le sien quand même ?

Pour les Lectiones de Muret, la publication de Ruhnken lui facilita grandement la besogne. Mais il mit tous ses soins à corriger le latin de Muret, qui ne lui semblait pas d’une sûreté ni d’une régularité parfaites, et, surtout, à donner l’exacte référence de toutes les citations et renvois. C’est à cette deuxième tâche qu’il s’était appliqué : quam rem necessariam et eruditis commodam fore videbam, eam feci accuratius... Son continuateur Paesi s’astreignit aux mêmes soins ; mais il dut reprendre la chose du début, car la lecture du premier volume, — disait-il en sa Préface, — lui avait bien vite prouvé que Wolf n’avait pas toujours été très méticuleux, quum in priori volumine perlustrando animadverteremus non ubique locorum sedes accuratissime indicatas esse...

En cette même année 1791, Wolf republiait le traité de F. V. Reiz, de Prosodiae graecae Accentus Inclinatione. F. V. Reiz (1733-1790), professeur à Leipzig, éditeur d’Aristote, d’Hérodote, de Plaute et de Perse, était mort le 2 février 1790. Villoison écrivait à Wolf le 22 juillet 1790 : « Je suis très fâché de la mort de M. Reitzius : c’était un savant d’un grand mérite et fort honnête que je regretterai toute ma vie. Je désirerais fort que le second volume de son Hérodote parût... Vous rendriez un grand service aux lettres en faisant réimprimer conjointement tout ce qu’il a fait sur les accents[1]. »

  1. Revue des Études grecques, 1906, p. 309 et suiv.