encore, du jour qu’il imprime, il devrait ne pas oublier peut-être qu’il est tenu par la règle commune à tous les écrivains ; or, quand un écrivain, quel qu’il soit, donne pour siennes les idées ou les phrases d’autrui, cela s’appelle, en français du moins, un larcin. Et l’on s’expose à de pareils larcins quand on ne met ni plus de temps ni plus de précautions à écrire noir sur blanc qu’à enseigner de vive voix.
Dira-t-on que l’on ne saurait garder rigueur à Wolf de ses habitudes de métier ? être l’homme de son métier est aujourd’hui chose si rare ! Qu’importent donc le style, le ton, l’allure et même la structure des Prolégomènes, et les promesses du titre non tenues, et les changements de plan ou de sujets, et l’entreprise inachevée, si l’ouvrage, quel qu’il soit, contient des vérités certaines ou des hypothèses fécondes que personne, avant Wolf, n’avait formulées et dont la philologie universelle a fait, après Wolf, son profit et son bien ?...
C. Galuski écrivait le 1er mars 1848: « Wolf a rompu avec toutes les opinions prises à crédit, comme dit Montaigne : il est parti du doute pour faire appel à cette critique indépendante qui est la raison appliquée aux faits du passé. » — « Wolf, renchérissait Dugas-Montbel, est le fondateur et le véritable chef de l’école historique. » — « C’est cet ouvrage qui a posé pour le monde savant les questions homériques », répétait encore en 1910 M. Maurice Croiset, dans la troisième édition de cette Histoire de la Littérature grecque, qui restera comme l’un des monuments de l’érudition à la française...
« En vérité, les Prolégomènes n’apportaient pas une seule idée originale, in Wahrheit enthalten die Prolegomena nicht einen einzigen originalen Gedanken ; le père de la critique homérique chez les Modernes, der Vater der modernen Homerkritik, ce n’est pas Wolf,