Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III. — Que nous n’avons rien eu de ses œuvres que par l’entremise des chanteurs, qui nous les ont conservées jusqu’aux âges derniers ;

IV. — Que ces gens-là ne les chantoient que par pièces détachées ;

V. — Que ces deux ouvrages, qui portent ce nom, n’ont été formés que par une compilation et assemblage de plusieurs pièces, faites séparément ;

VI. — Que la première compilation en a été faite par Lycurgue et qu’en ce tems, ces poésies étoient peu connues et estimées ;

VII. — Que, ces pièces étant retombées dans leur première dissipation, elles furent de nouveau rassemblées par Pisistrate et par son fils Hipparque ou, pour mieux dire, par leurs soins et par le travail des plus excellens grammairiens de leurs tems ;

VIII. — Que, dès leur origine, elles ont été nommées les Rapsodies d’Homère, c’est à dire le recueil des Chansons de l’Aveugle ;

IX. — Que l’on y a remarqué plusieurs vers bien différens les uns des autres et ajoutés en plusieurs endroits par des auteurs d’un génie peu semblable au reste ;

X. — Enfin que, dans l’Iliade que nous avons particulièrement examinée, il se trouve une infinité de choses qui ne peuvent raisonnablement être composées par un même poète ou qui seroient des fautes signalées, indignes de la réputation que ce faux nom d’Homère s’est acquise par le peu de soin d’examiner ces vérités ».

Dans toute la critique moderne d’Homère, je ne vois pas où l’on trouverait la « théorie des chants », la fameuse Liedertheorie germanique, exposée en deux pages aussi claires et, tout à la fois, aussi denses. Et voici l’application de ce jugement à l’Iliade (p. 124) : « Cet ouvrage n’a point été entrepris par un poète