Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/73

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qui ait envisagé un sujet pour le traiter... ; mais c’est un recueil de plusieurs poésies dont les auteurs avoient, chacun, leur intention particulière... et travailloient à la gloire des Grands auxquels ils étoient attachés par intérêt ou par affection, étant ordinaire aux poètes de flatter ceux dont ils espèrent davantage... Quand donc nous trouvons assemblés tous ces petits poèmes qui ont été faits séparément et les regardons comme parties d’un plus grand qu’ils composent, nous y cherchons un rapport et nous en condamnons la conduite ; mais il faut les détacher les uns des autres et les regarder comme des éloges qui n’avoient point de liaison et faits pour divers princes qui n’avoient point en cela d’intérêt commun ; par ce moyen, nous y souffrirons tout et n’y verrons rien à censurer ou fort peu de choses. » D’Aubignac pensait donc que nous avons dans l’Iliade — et les titres mêmes des chants nous l’indiquent — des Exploits de Diomède, célébrés par un poète de la cour argienne, et des Exploits d’Agamemnon, faits par un autre poète à la cour de Mycènes, et des Exploits de Ménélas, composés par un troisième auteur pour glorifier la branche atride de Sparte ; la Dolonie est un chant argien ou ithacien qui contait l’une des « gestes » d’Ulysse et de Diomède[1].

Il est donc naturel que telles parties de l’Iliade nous semblent fort mal « accommodées » au reste : tels sont, en particulier, le début et la fin du poème (p. 137 et suivantes). L’invocation à la Muse semble faire d’Achille le personnage principal, et, de sa colère, le pivot de tout l’ouvrage. Or « la valeur d’Ajax, celle de Diomède et des autres ont tué plus d’ennemis qu’Achille : ils

  1. Page 249 : en regardant cette épisode comme une pièce détachée, faite seulement pour expliquer la mort de Rhésus, je pense que le poète en pouvait traiter l’histoire de cette sorte.