Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/74

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combattent durant toute la guerre et, tous les jours, ils sont aux mains avec les ennemis, au lieu qu’Achille ne prend les armes que fort tard et ne fait mourir que les restes des autres... Je crois donc que le compilateur de ces poésies, n’ayant point eu de commencement convenable à toutes celles qu’il avoit en main, choisit celui qui pouvoit en quelque sorte y convenir et qu’ayant ce premier discours qui parloit de la colère d’Achille et celui de la députation inutile d’Ulysse pour le réconcilier avec Agamemnon, qui est au neuvième livre, celui de la réconciliation qui est au dix-neuvième et celui de la défaite d’Hector, qu’il y vouloit employer, il jugea que cette invocation, qui avoit été faite en l’honneur d’Achille, pour mettre vraisemblablement à la tête de ce premier cantique ou épisode, avoit assez de rapport à tous ceux qu’il vouloit assembler ; mais en vérité la colère d’Achille qui fait mourir tant de braves ne convient qu’indirectement et par violence à la valeur et aux faits d’armes des autres princes grecs ».

Je renonce à énumérer les critiques « wolfiens » ou « sous-wolfiens » qui, depuis un siècle, ont repris cette idée sur la Colère d’Achille, poème indépendant, auquel le reste fut incorporé. Mais le lecteur peut se reporter à l’Histoire de la Littérature grecque de M. M. A. et M. Croiset (I, p. 96-168) : il y verra comment, à deux cents ans d’intervalle, le goût français s’exprime de la même façon et comment une « analyse critique de l’Iliade » ramène deux membres de notre Académie des Inscriptions et Belles-Lettres du xxe siècle aux mêmes conclusions, parfois aux mêmes paroles que l’abbé du xviiie.

De même pour les historiens d’aujourd’hui, la fin de notre Iliade n’en est pas une. Écoutons d’Aubignac (pages 139-140) : « Ajoutons à cela la fin de l’Iliade