Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/9

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goureux et fécond pédagogue : « On trouvait sans cesse dans ses leçons et dans son commerce privé quelque chose de fier et de généreux qu’annonçaient aussi les avantages extérieurs de sa personne, en même temps qu’un abandon plein de bonté… Pendant ses vingt-trois ans d’exercice à Halle, il offrit la preuve d’une activité peut-être sans exemple parmi les professeurs si laborieux de l’Allemagne, en faisant plus de cinquante cours différents sur des auteurs ou des matières diverses, sans compter les soins qu’il donnait au séminaire philologique. »

Wolf fut un grand entrepreneur d’éditions scolaires et un lettré de goût sûr. Les Allemands le tiennent pour le Claude Bernard ou le Pasteur de la philologie contemporaine[1]. Chaque peuple a ses Claude Bernard et ses Pasteur à sa taille. Mais il n’est pas un ouvrage de Wolf qui n’ait mérité l’attention des érudits, et le XLVIIe Congrès des Philologues et Professeurs allemands, tenu à Halle en 1903, eut raison d’applaudir le panégyrique prononcé par M. Siegfried Reiter, puisque la louange un peu outrée et les formules grandiloquentes sont l’une des règles et nécessités de cet exercice oratoire[2].

Si l’on voulait présenter le vrai Wolf au public d’aujourd’hui et, du même coup, rendre service aux études grecques, il faudrait remettre au point et réimprimer telle de ses éditions savantes, le Discours de Démosthène contre Leptine, par exemple, avec ses Prolégomènes, ses Notes et son Commentaire. Car il y a, de Wolf, des Prolegomena in Leptiniam, antérieurs de six ans (1789) aux Prolegomena ad Homerum (1795). Nous aurions là, je crois, son ouvrage le plus typique. Au temps de Louis-

  1. Cf. A. Gudeman, Grundriss der Gesch. der klass. Phil., p. 193 : mit Wolf beginnt eine neue Aera in der klassischen Studien ; diese Epoche knüpft direkt an die weltberühmten Prolegomena an.
  2. Neue Jahrbücher für die klass. Alterthumsw., 1904, II, p. 89.