Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/94

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qui n’est pas sans renommée ni bon sens et que l’on connaît, même en Allemagne ; ces Conjectures académiques ou Dissertation sur l’Iliade furent longtemps oubliées chez Charpentier et autres, qui en retardèrent l’impression par amour de l’antiquité ou de l’auteur ; elles n’ont paru qu’après sa mort, à Paris, 1715, in-8. »

On voit que Wolf connaît le livre, sauf qu’il appelle in-8 ce qui est un in-12 ; mais les erreurs de chiffres lui sont familières ; il dira 453 pour 454 en parlant du fameux manuscrit Venetus ; il renverra à la page 277 de Baillet pour un passage qui est à la page 364. Ce sont détails sans importance.

Donc, à lire ce livre français, d’un bout à l’autre, et à le relire, is aliquoties perlectus, Wolf ressentit un vrai dégoût pour son opinion : en quelle compagnie il allait rouler ! quelle témérité ! quelle légèreté d’esprit ! quelle ignorance de l’antiquité !... Il se mit à chercher des raisons de rester fidèle à l’opinion générale, quelles qu’en fussent les incohérences ; car ni Boileau, ni Dacier, nec Boilavius, nec Dacerius, ni les autres n’avaient su répondre à d’Aubignac... Vains efforts ! Wolf dut se rendre à l’évidence et se donner à lui-même le certificat qu’il ne concédait rien à la vanité du désir ni à la nouveauté de la pensée. Il peut, ici encore, invoquer le témoignage de nombreux amis qu’il oublie, cette fois encore, de nommer : durant des années, il les a consultés, harcelés, suppliés de réunir pour le service de la vérité et contre son opinion tout ce que pourrait fournir le texte des deux poèmes[1].

  1. Suite de la note 84 : is aliquoties mihi perlectus, ut dixi, taedium attulit opinionis meae, in cujus similitudinem quandam levissima temeritas et inscitia antiquitatis delapsa esset ; serioque coepi vulgari, quamvis male cohaerenti, rationi argumenta conquirere ; nam ne Hedelino quidem a Boilavio, Dacerio et aliis bene responsum videbam ; ita varie annisus ut historicis difficultatibus alia atque alia via occurrerem, mox denuo vexatus illis denique coactus cedere, conscius mihi sum nihil me nec vanitati cupiditatis nec sententiae novitati indulsisse et omnes intendisse nervos ut ab erroris laqueis caverem ; testes rei habeo multos familiarium meorum quibuscum per hos proximos annos laborem meum communicavi, provocando eos ad quaerendum verum et omnia, quae in ipsis Carminibus mihi adversari viderentur, studiose colligenda et sub unum adspectum cogenda ; ac ne nunc quidem haec disputo ut cuiquam persuadeam, cui non ipsa res persuadeat, sed ut, si quid erraverim aut in falsum detorserim, erroris convincar ab acutioribus.