Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/95

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« Aujourd’hui, conclut Wolf, je n’établis pas cette discussion pour persuader ceux que la seule réalité n’aura pas convaincus ; je ne désire moi-même qu’être convaincu par de plus fins esprits, en cas d’erreur ou de mauvaise méthode... Quand j’aurai compris que mes idées ne sont pas admises des érudits, ajoute-t-il (p. 40), qu’elles sont renversées par des arguments de poids et rationnels, je serai le premier à les rétracter. Car en ces lettres [profanes], la recherche de la vérité ne doit s’effrayer de rien qui puisse être contre l’opinion commune, et quand l’histoire se tait ou bégaie, chacun doit souffrir de bonne grâce d’être vaincu par des esprits plus vifs et plus adroits à mieux interpréter les obscurités de la tradition et les incertitudes des faits transmis. Sur cette première époque des origines homériques, nous n’avons que de si faibles lueurs[1] ! »

D’Aubignac avait dit : « Nous n’avons aucune tradition qui nous ait apporté l’histoire [de ce poète], d’écrivain en écrivain... : le silence d’un long cours d’années a tout abimé dans un oubli général ou, du moins, il est resté si peu de chose qu’on ne peut en avoir aucun témoignage asseuré... Chacun peut dans cette question penser ce qu’il voudra ; ceux qui auront de quoi soutenir ces opinions communes les peuvent écrire en toute liberté ; j’aurois grand tort de me fâcher si quelqu’un me contredisoit, puisque j’ose bien contredire tous les

  1. Prolegomena, p. 40 : nam et nihil in his litteris quod contra opinionem communem sit, expavescendum puto esse viro studioso, etc.