Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/97

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chronologie des confidences ci-dessus, on arrive au tableau suivant :

1. — Wolf commence à douter d’Homère dès 1779 ;

2. — Il cache ses doutes durant nombre d’années, multos annos ;

3. — Il détruit ses notes et rencontre Perrault, puis, peu de temps après, paullo post, d’Aubignac, qu’il lit et relit, aliquoties perlectus, et dont il cherche la critique dans Boileau, Dacier et les autres ;

4. — Enfin, durant ces années dernières, per hos proximos annos, il revient à ses doutes et travaux.

C’est vraisemblablement en 1784-1785 que Wolf a connu Perrault et d’Aubignac : c’est alors qu’il s’est décidé à donner, pour prolégomènes à son édition scolaire des poèmes homériques, l’Historia critica de L. Küster, lequel le renvoyait à Perraltus, Bolaeus et à leur fameuse Querelle. Mais cette Historia critica, Wolf l’admirait depuis longtemps déjà comme l’un des livres les plus utiles aux débutants : que de fois il avait formé le vœu que cet ouvrage fût remis entre leurs mains, saepe antehac optaveram ! Si, pour chiffrer cette période de vœux répétés, nous disions que Wolf désira quatre ou cinq ans cette réimpression de 1785, nous reviendrions à l’année 1781 ou 1780 comme date de sa première rencontre avec L. Küster et Perrault. Où placer alors les nombreuses années de doute et de silence, multos annos ? il ne resterait pour elles que les seuls mois de 1779-1780.

« De toutes les lois de la critique homérique, disait Wolf en sa Préface de 1804[1], la première est de renoncer à l’opinion téméraire que l’on puisse jamais restituer les œuvres de ces anciens poètes, telles que leur âge les connut. » De toutes les lois de la critique wol-

  1. Kleine Schriften, I, p. 239-240.