Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/96

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autres, et qui me montrera la vérité que je n’aurai pas connue, m’accordera une faveur dont je le remercierai quand il l’aura fait de bonne grâce...[1] »

Quand, après une lecture huit ou dix fois répétée, on a bien présents à la mémoire le latin de Wolf et le français de d’Aubignac, on sent parfois courir les mots de celui-ci sous la traduction plus ou moins fidèle de celui-là, et dans nombre de chapitres on salue des phrases ou des allusions qui, des Prolégomènes, ramènent l’esprit aux Conjectures. Parfois, — et c’est ici le cas, — il suffit de mettre ce latin et ce français en deux colonnes pour avoir la preuve matérielle que Wolf avait lu, trop bien lu d’Aubignac et que, même il en avait ou le texte ou des extraits sous les yeux, quand sa plume galopante emplissait si vite les pages.

Mais le plus souvent cette preuve n’est pas décisive, à cause du latin oratoire et imprécis de notre Allemand, à cause aussi de l’habitude qu’il a de ne pas nommer les écrivains auxquels il fait des reproches (certains, quelques-uns, il y a des gens qui sont en ce cas ses façons de parler), à cause enfin de l’habile mélange qu’il fait soit de ses propres mots avec les mots d’autrui, soit de plusieurs textes empruntés à différents chapitres du modèle[2]. En cours de route, néanmoins, nous en verrons plusieurs exemples. Mais comme il est toujours possible d’ergoter sur les mots, ne considérons d’abord que le fond des choses.

Wolf a connu d’Aubignac par Perrault : tel est le premier fait certain. Mais à quelle date ? Nombre d’années, nous dit-il, après qu’il avait commencé d’avoir sur Homère des doutes fort analogues à ceux de ce Français ignorant et léger... Si l’on essaie de préciser la

  1. Conjectures, p. 8-10.
  2. Cf. Kleine Schriften, I, p. 378.