Page:Bérard - Une Loi anti-économique.djvu/9

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c’est là la conséquence inévitable et naturelle de notre civilisation, le résultat forcé d’une loi inéluctable, tous déclarent que c’est là la ruine de notre chère patrie.

Il y a longtemps qu’on l’a dit, alors que la population double en 34 ans dans le duché de Bade, en 50 ans en Irlande, en 51 ans en Grèce, en 66 ans en Prusse, en 78 ans en Angleterre, elle met 118 ans pour doubler en France. Et je crois bien que ces chiffres sont encore au-dessous de la réalité ; mais ces statisticiens oublient seulement que là où la population croît vite, on se trouve en face de pays misérables comme l’Irlande et la Grèce et que là où elle grandit lentement les pays sont riches et prospères comme l’Angleterre et la France.

Et la cause immédiate de ce lent accroissement de notre population ? Elle a été vite et facilement trouvée : elle ne réside ni dans la mortalité des nouveau-nés, ni dans la mortalité générale ; en France la mortalité des nouveaux-nés est de 15%, elle est en général dans les autres pays d’Europe de 25% ; en France, par an, il y a un décès pour 40 habitants, en Prusse, en Russie, en Saxe, en Allemagne, il y en a un sur un chiffre variant de 28 à 39 ; la seule cause, elle consiste dans l’infécondité des unions légitimes.

En effet, alors que par mariage il y a en moyenne 5 enfants en Russie, en Italie, en Irlande, 4 en Norwège, en Allemagne, en Angleterre, il n’y en a que 3 en France — et je crois bien que, depuis que les statistiques placées sous mes yeux ont été dressées, la moyenne a encore baissé.

Cette infécondité n’a pas cessé de croître depuis le commencement du siècle :

De 1800 à 1810 en moy. chaque mariage procréait plus de 4 enfants
1810 à 1820 en procréait 3,76
1820 à 1840 3,25
1840 à 1860 3,15
En 1872 3,05